L’Union Européenne a affiché en 2008 l’objectif de faire passer à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique européenne d’ici à 2020. La France s’est engagée en 2009 dans cette voie, lors du Grenelle de l’environnement, se fixant au même horizon de 2020 une part de 23 % pour ce type d’énergies propres. Toutes les formes « classiques » de production sont concernées sans oublier le secteur nouveau des Energies Marines Renouvelables (EMR) qui concernent plusieurs technologies, à savoir les éoliennes offshore posées dans des fonds de moins de 30 m, à proximité des côtes, les éoliennes offshores flottantes, les hydroliennes immergées au fond de la mer, les houlomotrices et les récupérateurs d’énergie thermique.
- Des déclarations d’intentions... aux projets !
En matière d’EMR, certaines intentions ont d’ores et déjà été annoncées. 40 000 MW devraient être produits par l’Allemagne et le Royaume Uni ! La France prévoit une production de 6000 MW.
Ceci équivaut, pour le seul marché français, à l’équipement d’un peu plus de 3 000 éoliennes terrestres (2,5 MW par éolienne actuellement). Dans ce contexte favorable, la Bretagne a inscrit, en juillet 2007, dans son plan énergie, l’idée d’accueillir sur ses côtes des projets éoliens offshore. Leur puissance totaliserait 500 MW à l’horizon 2015 et 1000 MW en 2020.
En cet été 2010, l’heure est à l’instruction de plusieurs dossiers. La technologie étant mature, l’Etat va lancer au second semestre 2010 un appel d’offre visant à accorder des droits d’exploitation dans des zones marines déjà délimitées (baies de St Malo, St Brieuc et Guérande pour la Bretagne « élargie »). Ceci représente un potentiel d’environ 2 500 MW sur 500 km².
- L’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), un rôle moteur
L’ADEME a également lancé un appel à manifestation d’intérêt pour la construction de démonstrateurs, prototypes à l’échelle 1. Cette action vise à susciter l’expérimentation de démonstrateurs pour les autres formes de production : éoliennes flottantes, hydroliennes, houlomotrices, énergie thermique...
L’ADEME dispose pour cela d’un budget d’environ 25 à 30 M€ pour subventionner des démonstrateurs, avec un taux de subventionnement qui pourrait osciller entre 40 et 50 % environ.
5 à 10 projets probablement pourraient être financés ainsi dans le domaine des EMR via cet appel d’offres, qui sera jugé en juillet 2010.
Le projet breton d’hydrolienne, SABELLA D10, pourrait être retenu ainsi que le projet d’éolienne flottant en eaux profondes Winflo. Il s’agit pour ce dernier, de concevoir un démonstrateur à l’échelle 1 d’une puissance de 2,5 MW. Il serait installé au large de la Bretagne et raccordé au réseau électrique. Nass&Wind (Lorient) porte le projet et apporte son savoir-faire dans la réalisation de parc éoliens ; SAIPEM sa connaissance dans l’élaboration de plates-formes pétrolières et gazières ; In Vivo environnement (La Forêt-Fouesnant), sa capacité à délivrer des diagnostics et des analyses d’impact environnemental en milieu marin et DCNS tout ce qui touche à la conception, la production et l’entretien de systèmes navals complexes. L’IFREMER BREST et l’ENSIETA se sont également engagés à leurs côtés.
- Vers une filière industrielle sur le polder de Brest
Avec ces appels d’offre, un marché important va s’ouvrir pour l’Ouest de la France. Parce qu’une vraie filière industrielle peut voir le jour, Brest Métropole Océane a choisi de mettre en œuvre une politique offensive avec pour objectif d’accueillir certains constructeurs concernés par ces marchés. Tous nos partenaires sont également mobilisés (Région, CG29, CCI,...)
Le polder portuaire dont la vocation est d’accueillir des projets industriels et l’outil logistique attenant du port de Brest sont sans aucun doute des atouts importants pour Brest.
Le polder de 50 hectares environ est géré par le Syndicat Mixte Brest Iroise (SMBI), qui regroupe le Conseil Régional de Bretagne, le Conseil Général du Finistère, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Brest et Brest métropole océane.
Afin de pouvoir accueillir à court terme des projets industriels, le SMBI a décidé en juin 2009 l’aménagement d’une première tranche de 12 hectares, engageant pour cela un budget d’environ 6,5 M€.
Cette tranche de travaux devrait être achevée fin 2011, début 2012, calendrier synchronisé avec celui de l’Etat concernant l’appel d’offres dédié aux EMR. C’est en effet la place suffisante pour accueillir les infrastructures nécessaires à l’assemblage à terre d’une centaine d’éoliennes offshores posées, ce qui correspondrait aux besoins évoqués pour les fermes marines de Saint-Brieuc et de Saint-Malo. 30 hectares restent en réserve sur le polder. Ils bénéficieront des mêmes améliorations afin de pouvoir accueillir d’autres unités de production comme celles d’hydroliennes ou d’éoliennes flottantes en série, les perspectives sont largement ouvertes.
Forte de ses nombreux atouts, Brest Métropole Océane entend se positionner dès aujourd’hui dans cette filière nouvelle pour être demain une ville majeure des Energies Marines Renouvelables en France et en Europe de l’Ouest, et pour y accueillir des projets industriels générateurs d’emplois.
Photo : Benoit Deckmyn, sur Flickr