Accueil > Actualités > Violences et harcèlement sexistes et sexuels : une prise de conscience (...)

Violences et harcèlement sexistes et sexuels : une prise de conscience historique ?

Retrouvez la tribune de Karine Coz Elleouet et des Élu.e.s socialistes de la Ville de Brest parue dans le magazine Sillage de novembre 2024.

Le 25 novembre se déroulera, comme chaque année à Brest et ailleurs, la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Une journée qui entrera en résonnance avec deux évènements dramatiques qui, en cette rentrée 2024, ont remis un coup de projecteur sur ce fléau : le procès des viols de Mazan et le meurtre de la jeune Philippine retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne.

Si l’on peut espérer que l’hyperfocalisation de la machine politico-médiatique soit le signe, 7 ans après le début du déferlement de la vague MeToo, d’une société qui bouge enfin sur la question de la culture du viol, elle peut néanmoins interroger.

Rappelons qu’avec 114 000 victimes de violences sexuelles en 2023, dont 74% ont subi ces violences hors du cadre familial parmi lesquelles seules 6% portent plainte, les chiffres reflètent une réalité structurelle de notre société.

A ce titre, l’audience du procès dit de Mazan est édifiant. Comme le rapportent les observateurs, l’incapacité de la plupart des 51 accusés à définir un viol et à comprendre ce que recouvre le fait d’être un violeur est particulièrement frappante. Les témoignages de ces hommes, de ces 51 « monsieur Tout-Le-Monde », intégrés socialement, de tous âges et tous milieux, montrent combien il reste à faire dans la lutte contre les violences sexuelles et la prise en compte du consentement notamment en matière d’éducation, mais aussi d’évolutions législatives. Si l’on peut espérer que ce procès permette une conscientisation et une meilleure compréhension du viol, c’est d’abord grâce à l’incroyable courage de Gisèle Pélicot qui réfute le huis clos afin que chacun se confronte à découvert à la réalité des faits. Pour autant ne soyons pas naïfs sur l’origine de l’ampleur de la couverture médiatique autour du procès. Elle tient sans doute d’abord à une forme d’effroi face au récit cauchemardesque des viols commis sur Mme Pélicot,

Or ce procès est tout sauf un fait divers isolé, une réalité marginale, il est au contraire un miroir grossissant sur ce crime de l’ordinaire que constitue le viol, et notamment le viol entre époux, sa forme la plus courante reconnue par la justice depuis 1990.

Nul doute que ce procès jugera aussi notre manque de préoccupation collective pour l’ampleur du fléau des violences sexistes et sexuelles.

Concernant le meurtre de Philippine, quelle dramatique caractéristique de cette affaire a fait qu’elle cristallise le débat public parmi la centaine de féminicides commis depuis le 1er janvier ?

Là non plus ne soyons pas naïfs : Philippine a été violée puis tuée parce qu’elle est une femme. Or, nous avons assisté à une instrumentalisation honteuse de ce drame devenu prétexte à la relance du débat xénophobe, au profit d’un discours politique sur l’immigration par ceux y ont intérêt. Un détournement qui empêche de réfléchir aux vraies solutions pour prévenir les féminicides et la récidive et pour une peine juste et efficace.

Alors, ne nous trompons pas de combat. Les VHSS sont un vrai sujet de notre société qu’il nous faut regarder en face et prendre à bras le corps en tant que tel. Pour ce qui est de la réponse politique, une chose est sûre, la composition du nouveau gouvernement avec la disparition du ministère délégué aux droits des femmes pour un simple secrétariat d’Etat à l’avant-dernier rang protocolaire, comme les propos démagogiques du nouveau ministre de l’intérieur, n’envoient pas un bon signal quant à la prise en compte de ces enjeux majeurs par l’exécutif.