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Réponse aux élus qui appellent au boycott et refusent d’appliquer la réforme des rythmes scolaires à la rentrée 2014.

Tribune de Marc Sawicki, Adjoint au Maire de Brest en charge de la Politique Educative Locale.

Monsieur Copé appelle les maires à refuser la réforme. Après Christian Estrosi en novembre dernier, deux autres élus de l’UMP, Jean-François Copé et Hubert Falco, annoncent qu’ils boycotteront la réforme des rythmes scolaires à la rentrée dans leurs villes respectives, Meaux (Seine-et-Marne) et Toulon (Var).

Pourtant, la réforme mise en place par Vincent Peillon sur les rythmes scolaires dans le cadre de la refondation de l’école sera généralisée à la rentrée prochaine. C’est ce qu’a confirmé Benoît Hamon.

Cette réforme, au-delà du simple rajout d’une demi-journée, va beaucoup plus loin. Elle a pour but de refonder l’école en profondeur. De l’adapter aux enjeux d’aujourd’hui. De réunir tous les acteurs qui gravitent autour des enfants afin de créer des projets ensemble, portés certes par l’école mais également par nos territoires. Villes, quartiers, départements et régions, se retrouvent dans un ambitieux projet au sein même de chaque école et avec les parents, associations, fédérations d’éducation populaire et élus locaux.

Des projets éducatifs de territoires sont nés par milliers, des communes ont travaillé ensemble sur des projets mutualisés, des conseils de classe extraordinaires se sont étoffés en intégrant de nouveaux acteurs.
De nouveaux métiers sont en train de naître, particulièrement autour de l’animation.

Cette réforme est vaste et ambitieuse. Inévitablement elle engendre des discussions parfois houleuses au sein de chaque institution ou association. Mercredi ou samedi ? Le coût ? La formation ? Equité territoriale ?
Elle impose à chacun de sortir de son pré carré, de voir au-delà de sa mission. Elle met en évidence des défauts de communication vers les parents, les enseignants ou les associations et ce dans tous les sens.

Mais cette réforme a avant tout un but : l’intérêt des enfants.

Abolir les rythmes les plus délirants au monde dénoncés par tous les scientifiques et enseignants depuis des décennies. Etre un outil supplémentaire d’équité entre tous les enfants. Et avec les territoires, permettre à tous de s’ouvrir au monde et à l’autre à travers le sport, la culture, les nouvelles technologies…et la citoyenneté.

Oui, citoyenneté. Après le scrutin qui vient d’avoir lieu, ce record historique d’abstention et cette montée de l’extrême droite, il est plus que temps que tous ces acteurs autour de l’école parlent avec les enfants de l’importance fondamentale de ce qui depuis si longtemps forge notre République. Et lorsque enfin un gouvernement en fait une priorité, qui je le rappelle faisait consensus de tous les partis républicains aux élections présidentielles, des élus locaux appellent à y désobéir.

Mais quelle image allez-vous donner à ces enfants ? Vous vous dites élus républicains, et dès qu’une loi ne vous plait pas, vous ne l’appliquerez pas ? Vous imaginez-vous ce qui restera d’une telle décision dans l’esprit de nos citoyens ?

Sous prétexte d’une réforme trop complexe à mettre en place ? Mais a-t-on été élus pour ne mettre en place que des réformes faciles ?

Oui, cette réforme demande beaucoup de travail, des échanges nombreux, des discussions voire parfois des coups de gueule mais dans un seul et unique but, je le répète l’intérêt des enfants. Et il était urgent de la mettre en oeuvre, parce qu’à chaque année qui passe ce sont encore des centaines de milliers d’entre eux qui pâtissent de rythmes aberrants.

Pour les petites communes, les difficultés seront encore plus nombreuses, mais plusieurs ont déjà montré leur volonté, en mutualisant leurs moyens ou en fédérant leurs projets, qu’elles pouvaient arriver à des projets au moins aussi ambitieux et de qualité que les grandes villes.

Rarement les élus locaux ont eu à mettre en oeuvre une réforme avec autant d’enjeux de société. Et je dis un immense merci à toutes celles et tous ceux qui malgré les nombreuses oppositions s’y sont engagés et impliqués dès le début.
Et cela, mesdames messieurs les élus : ça s’appelle faire de la politique dans le sens le plus noble et le plus courageux du terme.

Marc Sawicki,
Adjoint au Maire de Brest en charge de la Politique Educative Locale.