Aujourd’hui et jusqu’à la fin du mois a lieu la semaine sans pesticide [programme ici]. L’occasion pour Brest métropole océane de communiquer sur une de ses actions : la charte Jardiner au naturel.
Sur ce sujet, il faut d’abord faire la chasse aux idées reçues. Si c’est bien l’activité agricole qui répand la majeure partie des pesticides en France (environ 95% en volume), pour autant la pollution engendrée dans l’eau vient pour 30% des usages en milieu urbain (particuliers ou communes). En effet, ces produits sont employés pour désherber des zones fortement imperméabilisées : routes, trottoirs, allées, etc... Les substances chimiques ne sont donc pas captées puis transformées par le milieu naturel, elles ruissellent très rapidement et se retrouve dans l’eau et dans la rade pour Brest.
Beaucoup de villes ont entrepris des démarches de réduction de l’usage des produits phytosanitaires (BMO a déjà réduit de plus de 80%) et certaines communes, comme Daoulas près de chez nous, affichent un objectif de « zéro pesticides ». Reste les usages particuliers, individuellement faibles, mais conséquents en nombre.
Le premier des freins à la limitation des usages de ces produits hautement toxiques pour l’homme et la nature (conçus pour détruire et empoisonner !) est d’abord dans les têtes. Les dernières années ont vu proliférer les espaces urbains stériles (« minéral » comme on dit dans le jargon urbanistique). L’idéologie était à l’effacement du milieu naturel, ou à sa maitrise totale par une gestion des espaces verts quasi militaire. Les « mauvaises herbes » n’avaient qu’à bien se tenir ! La campagne était faite pour elles, pas pour nos belles villes modernes. La contrepartie de ce modèle fut l’usage massif de produits chimiques, soi-disant sélectifs, mais qui se sont ensuite avérés toxiques ... pour un peu tout le monde !
Les herbes poussent naturellement et C’EST UNE BONNE CHOSE ! L’homme tire fierté de sa maitrise de la nature dans ses jardins. En dehors du fait qu’il s’empoisonne lentement lui-même, c’est aussi toute une biodiversité utile qu’il empêche de vivre. Enormément d’écosystèmes protecteurs et bénéfiques sont aussi détruits par l’usage de ces produits dans les jardins. La ville ne doit pas être un espace de vie stérile. Autant que possible, elle doit aussi être le lieu d’une certaine biodiversité. La remise en route de ruches dans Paris (avec production de miel) est l’exemple même d’une cohabitation intelligente entre les butineuses de balcons et les jardiniers d’appartements du dimanche ! Nous devons repenser la ville en valorisant la biodiversité, comme une de ces richesses.
Le second blocage à cette évolution est technique. Nous avons oublié comment jardiner, au profit de pulvérisateurs et avec l’aide de la chimie. Il nous faut réapprendre les bons gestes et les bonnes techniques pour cohabiter intelligemment avec la nature de nos villes.
La charte « Jardiner au Naturel, ça coule de source ! » prend le parti d’intervenir à la source. La collectivité met en place des formations pour les vendeurs de jardineries et ces dernières s’engagent à communiquer et orienter leurs clients vers des techniques alternatives. Il ne s’agit pas d’imposer un changement de force, mais bien d’être là pour donner le conseil pertinent, quand il y a volonté de changer de pratique.
Ce programme est né à Rennes et il est en place depuis 3 ans sur le bassin versant de la rade de Brest. Aujourd’hui, 23 jardineries sont signataires de la charte et plusieurs associations de consommateurs partenaires envoient régulièrement des bénévoles poser des questions pour évaluer la pertinence du conseil donné aux clients. Il est difficile d’évaluer l’impact de la démarche sur le changement des comportements car beaucoup d’acteurs communiquent aujourd’hui là-dessus, mais clairement, il y a un virage que nous accompagnons. L’objectif est de ne pas décourager les volontaires par des mauvais conseils et de réintroduire peu à peu cette culture des usages alternatifs que nous avons perdus.
Et rappelons-nous, il n’y a pas de mauvaises herbes dans nos villes. Il y a juste des herbes que nous ne voulons pas voir. Alors, changeons de regard !
Pour plus d’informations, voir le site du Contrat de Rade.