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Gratuité des services publics : privilégier la justice

Retrouvez la tribune des Élu.e.s socialistes de la Ville de Brest parue dans le magazine Sillage de juin 2025.

Photo © Mathieu Le Gall / Brest métropole

À l’approche des élections municipales, les promesses pleuvent. Ici, une centaine de policiers municipaux ; là, la gratuité des transports ou des cantines. Les idées ne manquent pas. Mais à quel prix ?
Dans un contexte où les finances locales sont asphyxiées par la baisse des dotations, la recentralisation et la quasi-suppression de la fiscalité locale, ces annonces posent question. Rien n’est jamais gratuit. Faute de financements clairs, elles risquent d’aboutir à plusieurs conséquences : augmentation des impôts locaux, dégradation des services publics et coup de rabot sur les dépenses sociales.

La gratuité pour tous : une illusion de justice sociale

La gratuité peut sembler séduisante, surtout à l’heure où la précarité progresse. Mais en réalité, lorsqu’elle n’est pas ciblée, elle ne corrige aucune inégalité. Le modèle de solidarité français repose sur un principe fort : contribuer selon ses moyens, recevoir selon ses besoins. Une gratuité indifférenciée rompt ce contrat implicite. Elle fait peser le même coût sur tous les contribuables à l’heure où la pression fiscale s’accroit, tout en bénéficiant également à ceux qui n’en ont pas besoin ou ne résident pas dans l’agglomération.

Les choix responsables de Brest

Cantines scolaires : une tarification juste et progressive

Le coût complet d’un repas à la cantine est d’environ 17,80 €. Pourtant aucune famille ne paie ce prix, car il est fait appel à la solidarité collective. 30 % des familles paient moins de 1,50 € dont 14 % en bénéficient gratuitement. Brest est une des rares villes de France où près de 1 000 enfants reçoivent chaque jour un repas gratuit à l’école. En 2024, la grille tarifaire a encore été ajustée, avec des baisses pour plus de 70 % des familles. Le tarif le plus élevé facturé aux familles est quant à lui de 6,20 euros (revenus supérieurs à 6600€ pour un couple avec 2 enfants).
Ces choix sont ceux de la justice sociale. Et demain, en reprenant la gestion directe de la restauration scolaire, la Ville pourra renforcer encore la qualité du service. Une gratuité totale, sans conditions, mettrait cette ambition en péril.

Transports en commun : un équilibre à préserver

À Brest, en 2024, la métropole a versé 55,9 M€ à Bibus, pour un total de recettes tarifaires de seulement 13,4 M€. Pas un voyageur ne paie donc le prix réel de son trajet.
Rendre le réseau gratuit, sans compensation, signifierait un manque à gagner de plus de 13 M€ par an, sans compter les surcoûts liés à un usage accru du réseau.
Cela limiterait nos capacités à investir pour améliorer et développer l’offre, notamment pour les habitants les plus dépendants des transports collectifs au quotidien. La gratuité éventuelle des transports se doit d’être socialement ciblée pour être juste et efficace, y compris sur le plan écologique.

Nous ne choisissons pas la gratuité pour tous, mais la gratuité pour ceux qui en ont besoin.
Défendre les services publics, c’est aussi garantir leur qualité et leur pérennité. Dans une période où chaque euro compte, nous faisons le choix de la solidarité plutôt que de l’illusion.