La polémique est souvent vive, concernant la place de la liberté et les rassemblements étudiants qui s’y déroulent, à certaines périodes de l’année, le jeudi soir.
Polémique liée, bien sûr, aux nuisances que ces rassemblements provoquent (détritus, bruit...), mais aussi à l’incompréhension de mondes, de publics, de façons différentes de vivre la ville.
Le problème est complexe, et tomber dans la caricature ou dans l’angélisme ne résoudra rien. La question des rassemblements étudiants dans des lieux publics, et de la surconsommation d’alcool dans ces fêtes spontanées, n’est pas propre à Brest, loin s’en faut. Ni à la Bretagne. C’est un phénomène relativement récent, observé partout en Europe. Ces rassemblements sont spontanés et ne sont organisés ni par la mairie, ni par l’université, ni par les organisations étudiantes.
Elles sont juste le reflet de nouveaux modes d’organisation, de nouveaux rapports sociaux, mais aussi sans doute d’un besoin de créer du lien de la part d’une génération de jeunes, et d’un malaise face à une société où il est de plus en plus difficile de trouver sa place.
Cela ne change en rien à la forte gêne occasionnée aux riverains, qui revendiquent de façon légitime le droit à la tranquillité et au repos.
Que les choses soit claires : à Brest, la sécurité publique et le maintien de l’ordre est du ressort de la préfecture et de la police nationale, et non du maire. Chacun son rôle, c’est à l’Etat que revient celui d’assurer la tranquillité et la sécurité de tous. Mais ce n’est pas la baisse continue des effectifs de police nationale qui pourra améliorer les choses. C’est une chose de faire des grandes déclarations politiques, une autre de mettre les moyens nécessaires sur le terrain.
Le préfet a donc pris un arrêté interdisant la consommation d’alcool en centre ville. Il est là dans son rôle. Cet arrêté n’apportera pas de solution miracle. Il présente deux grands risques. D’une part, il ne doit pas être le prétexte à des affrontements entre la police nationale et les jeunes. Bernadette Malgorn avait délibérément fait ce choix lorsqu’elle était préfète de région à Rennes. Il n’est pas question qu’il se passe la même chose à Brest ! Nous refusons que la place de la Liberté devienne un lieu de conflit entre les étudiants et les forces de l’ordre.
D’autre part, cet arrêté ne doit pas se traduire par un simple déplacement du problème. Si ces mêmes rassemblements se produisent à un autre endroit de la ville, voire s’éclatent, rien ne sera résolu, bien au contraire.
Depuis plusieurs années, la municipalité mène un grand travail de prévention autour de ces rassemblements. C’est dans ce but que sont présents, chaque jeudi soir, les médiateurs de ville pour la prévention, puis des équipes de secouristes de la Croix Rouge. Assurer cette présence est notre devoir et de notre responsabilité. Nous ne pouvons pas ne rien faire, car les élus et le maire seraient les premiers à être tenus pour responsables si quelque chose de grave arrivait.
Car ce qu’il se passe dans ce cadre ne relève pas de la délinquance, mais de la tranquillité et de la santé publique. Un vrai travail de prévention et de sensibilisation doit être poursuivit, en particulier concernant la surconsommation d’alcool, avec tous les partenaires concernés. Cela ne concerne pas seulement, loin de là, les « jeudis étudiants », mais nous devons poursuivre le travail de prévention mené dans ce cadre, et salué par le sous-préfet pour sa qualité. L’arrêté municipal interdisant la vente d’alcool à emporter à partir de 20h va également dans ce sens. Une campagne de sensibilisation a également été lancée sur la question de la propreté de la place.
La question n’est donc pas comment réprimer mais comment prévenir, et comment faire en sorte que tout se passe le mieux possible, pour tout le monde. La question posée est bien celle de la conciliation des usages de la ville, et notamment de la place de la Liberté, avec des attentes différentes entre des publics différents. Notre priorité a été de rétablir le dialogue, et d’éviter une confrontation stérile qui ne fasse qu’envenimer le problème.
Ces questions nécessitent en effet la mobilisation de tous, chacun dans son domaine de compétence, mais en concertation et en coordonnant nos actions. L’Etat, la municipalité, mais aussi les responsables universitaires, les associations étudiantes et de prévention, les mutuelles et les services de santé... Il nous faut ouvrir largement le dialogue et associer tout le monde pour trouver des solutions ensemble.
Il nous faut réfléchir, explorer et mettre en œuvre des nouvelles réponses. L’appui à l’organisation d’un concert sur le campus, l’an dernier, ou le succès de la déambule et de l’accueil des étudiants par la ville doit ouvrir de nouvelles pistes. La question de l’offre en terme de soirées, de sorties, et de lieux de vie pour les étudiants se pose aussi, à plus long terme.
Pas de solutions miracles, donc. Mais loin des caricatures et des prises de position politiciennes dont certains se sont faits les spécialistes, nous cherchons les meilleurs solutions à mettre en oeuvre ; nous cherchons à rétablir le dialogue, à ce que de ces échanges sortent des solutions, pour que tout puisse se passer le mieux possible, et que la ville donne une place à chacun dans le respect des envies et des besoins des autres.