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La question de la sécurité à Brest, une politique assumée

Le Conseil municipal du 22 octobre a été l’occasion de rappeler la politique de prévention et de sécurité mise en place dans notre agglomération.
Par Anne-Marie Cibaud, adjointe au maire de la ville de Brest chargée de la prévention et de la tranquilité urbaine.

Le Conseil municipal du 22 octobre a été l’occasion de rappeler la politique de prévention et de sécurité mise en place dans notre agglomération.

"Monsieur le Maire, chers collègues, je me doutais un peu que nos collègues de l’opposition allaient se focaliser là sur les difficultés du moment. Aussi, bien que moi-même consciente de l’augmentation des troubles sur certains secteurs, j’ai pensé qu’il était important de parler de ce qui marche, histoire d’être complémentaires, et ainsi de vous donner à entendre un bilan plus complet.

Si la loi du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance renforce la légitimité des Maires en tant que partenaire de l’Etat dans le champ de la sécurité, c’est, me semble-t-il, pour mieux définir le rôle des uns et des autres dans le cadre d’un Contrat local de Sécurité. Celui de la ville de Brest fut signé en septembre 1999, et le Contrat Intercommunal de Sécurité et de prévention de la Délinquance (CISPD) en 2003. Depuis ces dates, ces instances sont des lieux de réflexion, de partage de savoir, de responsabilité et de décisions en ce qui concerne notre ville et notre agglomération. Ensemble nous construisons une politique équilibrée de sécurité.

Et justement, ce qui me semble être le plus important en matière de sécurité c’est de savoir mesurer entre partenaires les aménagements sécuritaires qui correspondent aux besoins de la population. Brest ce n’est pas Paris, ni Marseille, ou Nice. Mais Brest a aussi ses difficultés, ses délinquants et ses malveillants. Je veux parler des « 150 majeurs et des 50 mineurs qui forment la population pénale d’habitude » qu’évoquait le substitut François Drésen à un journal local en juin dernier. La parfaite connaissance et le respect que se portent mutuellement les partenaires du CLS et du CISPD est un atout précieux que bien d’autres villes ou intercommunalités nous envient. Il faut comprendre que sécuriser une ville est bien plus qu’une opération technique. Et que les villes qui ont abordé la question de la sécurisation par le tout sécuritaire en sont pour leurs frais. Je pense particulièrement à une parmi celles que je viens de vous citer : 350.000 habitants, 750 caméras de vidéosurveillance (6.400.000 euros), 400 policiers municipaux, 150 asvp (inspecteurs du domaine public), et la récente création d’une toute nouvelle brigade mobile (BAC - brigade anti criminalité - municipale), l’ensemble pour un budget annuel de fonctionnement de plus de 23.000.000 d’euros et un résultat qui laisse pantois ou révolté selon les tempéraments mais certainement pas indifférents. Cette ville, enfin, exemple parfait d’une politique du « mille-feuille sécuritaire » qui clame son impuissance au point de demander au ministre de l’Intérieur la mise en place d’une zone ZSP (zone de sécurité prioritaire) et qui se retrouve en matière de sécurité avec la note de 1,4 sur 20 dans un récent dossier présenté par l’Express. Un fiasco ! Une illisibilité totale pour la population : entre la Police nationale, la police municipale et maintenant la police privée… qui fait quoi ?

Quant à la vidéo-surveillance, elle est parfois nécessaire, c’est la raison pour laquelle notre réseau de transport en commun en est équipé. Mais attention, ces malveillants dont je vous parlais plus avant ayant appris à contourner sa présence, en se dissimulant le visage par exemple ou bien en montant à plusieurs pour cacher celui ou celle qui sera le perturbateur du jour, il s’agit d’accompagner la technique et notamment certains soirs, d’où plus de présence humaine. Quand la Police vient en renfort de son partenaire Bibus, elle est dans son rôle. Quand les médiateurs de la ville sont sur l’espace public avec leurs partenaires de prévention des risques : Croix rouge, Ordre de Malt, SDIS, mutuelles étudiantes et autres, ils sont dans leur rôle. Quand l’inspection Académique nous ouvre les portes des collèges et lycées afin que nous y fassions de la prévention, elle est dans son rôle. Chaque partenaire convaincu de l’intérêt du rôle de l’autre, prouve par sa présence que lorsqu’un équilibre entre action technique et action humaine est recherché, ça marche !

Par ailleurs, chacun à sa place et dans le respect des compétences des autres, nous œuvrons pour à la fois traiter les problèmes immédiats et en prévenir d’autres. Il faut donc informer et éduquer nos enfants, nos jeunes. Leur dire que si la ville est un espace de démocratie, elle peut être aussi celle des dangers. Faire en sorte que notre ville soit toujours mieux partagée, mieux respectée, qu’ils continuent à en être fiers comme nous le sommes nous même. Expliquer qu’un jour ils auront leur place dans le processus de tranquillité urbaine, et que l’attitude de chacun est déterminante pour le bien être de tous. Ainsi dans les stages de citoyenneté (une douzaine de participants pour une alternative à la prison, en moyenne 3 par an) que nous animons, Anne-Marie Kervern, Françoise Bachelier et moi-même, nous posons toujours cette question : Comment exprimez-vous votre citoyenneté ?

C’est vrai, nous avons nos sans-gênes, nos mal-éduqués, nos perturbateurs, nos délinquants, et même nos voyous. Une poignée d’individus qui empêchent la quiétude des autres. Dans le document CLS infos vous trouvez une liste à la Prévert de ce que des usagers sur l’espace public et dans les transports en commun sont capables de faire : des menaces avec ou sans armes, y compris de mort, des bagarres, des insultes, des coups de poing, mais aussi des faits moins graves comme les nombreuses purges de portes qui sont comptabilisés en incivilités, et en font grimper les taux, le tout souvent lié à une consommation excessive d’alcool. Davantage aussi d’incendies de véhicules et de bacs-poubelles, de tags ou de graffitis que la collectivité efface dès lors qu’une plainte est déposée etc… La courbe de l’évolution des faits sur la circonscription de Brest est passée de 10.310 en 2008 à 11.735 en 2012. Personne n’en est heureux, et surtout pas les victimes. Ces chiffres que nous donnons en toute transparence, expliquent d’eux-mêmes l’immense implication de chaque partenaire, surtout de ceux qui sont sur le terrain, et particulièrement des policiers qui bien qu’ayant vu leur nombre diminué d’un quart dans la même période continuent à présenter des résultats de résolutions d’enquête plus qu’honorables.

Monsieur le Maire, mes chers collègues, le travail de tous a permis de contenir, bon an mal an, ces dernières années le chiffre évoqué par la Justice en début de mon propos, à savoir cette population que l’on appelle « population délinquante d’habitude » mais surtout et c’est le plus important de faire reculer le chiffre de la délinquance juvénile de 20, 17 % en 2010 à 18,76% en 2012, c’est encore trop peu mais c’est un bon début, en baisse aussi le nombre de vols en ville, y compris vol à l’étalage et ceux qui sont liés à l’automobile, et d’autres encore aux violences sexuelles.

Il nous faut donc continuer à être vigilants, inventifs, et réactifs.

Concernant ce qui se passe au centre social de Kérourien, il faut reconnaitre que parfois la vie de quartier n’est pas en mesure d’empêcher l’appropriation illégitime voire violente de certains lieux, réalité que nous vivons aujourd’hui sur ce quartier. C’est une secousse comme nous en avons connues dans le passé. Elle se passe dans un lieu géré par la Caf, où une dizaine de jeunes sème la pagaille, entend faire régner sa loi et créé un sentiment d’insécurité. C’est un phénomène endogène que seules des mesures comme celles qui viennent d’être prise conjointement avec nos partenaires pourra faire reculer. J’apporte mon soutien sans faille à mes collègues sur ce dossier ainsi qu’aux partenaires de la ville."

Anne-Marie Cibaud, adjointe au maire de la ville de Brest chargée de la prévention et de la tranquilité urbaine.