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L’Ecole publique, priorité des socialistes !

Entretien avec Emilie Kuchel, adjointe au Maire de Brest en charge de la politique éducative, conseillère Régionale de Bretagne et présidente du réseau français des villes éducatrices.

Les récentes annonces du gouvernement sont-elles à la hauteur en matière d’éducation ?

A l’occasion de cette rentrée scolaire, la multiplication des annonces par le Président de la République sans concertation nous interroge sur la place du ministre Gabriel Attal et sur la façon dont sont traitées les questions d’éducation au sein du gouvernement. La déclaration du chef de l’État, selon lequel “l’éducation fait partie du domaine réservé du président”, ne trouve d’ailleurs pas de fondement dans la Constitution. De plus, le Président communique en cette rentrée sur des sujets que la quasi-totalité des acteurs éducatifs ne considère pas comme prioritaires et qui restent très éloignés des préoccupations des français. C’est un signal inquiétant pour les élèves, pour les familles, les professeurs et les autres professionnels de l’éducation. La crise majeure du recrutement des enseignants comme leurs conditions de travail dégradées sont largement documentées par les syndicats. Les personnels périscolaires, de la petite enfance et les AESH attendent toujours une vraie reconnaissance de leurs métiers et le développement des filières de formations, alors que les effectifs sont souvent insuffisants. Nous avons déjà alerté sur les conditions d’accueil des enfants en situation de handicap et sur la révision nécessaire de cette politique pour qu’elle garantisse un cadre bienveillant pour les enfants, et des conditions de travail dignes pour les accompagnateurs et accompagnatrices. La situation des enfants sans toit devrait aussi être une priorité, alors que l’UNICEF alerte justement en cette fin d’été sur l’augmentation du nombre de familles sans domicile et sur les énormes pertes de chances des enfants concernés. Quant aux événements du mois de juin, ils méritent une approche politique plus élaborée que le renvoi systématique à la responsabilité individuelle de ceux que le gouvernement a oubliés ou l’unique référence à l’autorité et la stigmatisation des parents des quartiers populaires.

Dans ce contexte d’affaiblissement de l’école républicaine, comment les villes socialistes et plus largement celles du réseau des villes éducatrices font face ?

Les élues et élus socialistes mettent en œuvre des politiques éducatives locales qui protègent les plus fragiles partout sur le territoire, et notamment à Brest. C’est particulièrement le cas cette année, alors que le coût de la rentrée explose pour les familles. Attachées à la gratuité de l’école publique, les socialistes organisent la dotation en fournitures scolaires des écoles, voire directement des enfants. Dans certains cas cela se traduit par un reste à charge nul pour les familles. A l’instar de Brest, la plupart des villes ont choisi de supporter seules l’inflation sur les produits alimentaires en maintenant ou en baissant le coût de la restauration scolaire, sans soutien de l’Etat. Certaines villes comme Brest proposent même une gratuité totale pour les familles les plus modestes. Les villes peuvent aussi mettre en place d’autres aides financières ciblées pour les familles, en fonction des besoins qu’elles identifient : pour la restauration, pour le périscolaire, la pratique sportive, l’accès à la culture ou les vacances.

Après les records de chaleur que nous venons de battre en cette rentrée, comment les écoles s’adaptent au changement climatique ?

Toutes les villes de gauche sont mobilisées pour la rénovation des locaux scolaires, et en particulier la rénovation thermique et la végétalisation alors que cet été fût le plus chaud jamais enregistré. A Brest, six groupes scolaires ont été rénovés depuis 2019 et nous lançons la deuxième vague de rénovation énergétique. De nombreux travaux sont lancés ou ont été effectués avec le concours trop faible de l’Etat. Mais les besoins sont gigantesques. Les élues et élus socialistes brestois, aux côtés du Réseau français des villes éducatrices, demandent à ce que l’Etat dialogue vraiment avec les collectivités pour partager la complexité de l’éducation dans les quartiers ségrégués, pour les accompagner fortement dans la rénovation des bâtiments accueillant des enfants et garantir ainsi des conditions matérielles et pédagogiques acceptables pour l’éducation de chacun et chacune.